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mercredi 26 novembre 2025
Antananarivo | 10h21
 

Politique

Influenceurs : « Je parle, donc je suis »

mercredi 26 novembre | Ikala Paingotra |  313 visites 

On ne peut qu’approuver la décision salutaire et courageuse prise par Tahiana « Jay Tax » Rasolojaona de porter plainte contre « l’influenceuse » Syntia, qui l’avait accusé de cacher Naina Andriantsitohaina chez lui. Courageuse, car devant les outrances croissantes de certains internautes, beaucoup choisissent de se taire par peur d’envenimer les choses. Salutaire, car il es temps que les balises soient rappelées à ceux qui confondent liberté d’expression et droit de dire n’importe quoi. Saluons dans la foulée le coup de gueule de Tahina Razafinjoelina sur Facebook contre les dérives actuelles sur les réseaux sociaux (photo).

Tout ceci intervient dans la foulée de ce que l’on pourrait appeler « l’affaire Dylan Siva », du nom de cet influenceur franco-vietnamien qui a pris fait et cause pour le combat de la Gen Z malgache. Cela lui a donné une certaine aura chez quelques internautes malgaches, ce qui lui est sans doute monté à la tête. Mais sincèrement, on ne voit pas trop quelle a été sa véritable valeur ajoutée, car les Malgaches n’ont certainement pas eu besoin de lui pour faire tomber Rajoelina. Il a donc juste l’importance que lui pense avoir, ou que les influençables veulent lui donner. Le franco-vietnamien semble s’être malgachisé et a pris goût aux propagations de tsaho et de honohono. Ainsi, dans une vidéo récente, il a accusé la respectable Professeur Manorohanta d’être associée aux violences d’il y a quelques semaines à l’Université d’Antsiranana. Accusation sans preuve, sans recoupement, sans scrupules, mais sans sanction car l’universitaire n’a pas porté plainte, ce qu’elle devrait pourtant faire.

À la suite de sa convocation par les services de lutte contre la cybercriminalité vendredi dernier, ses amis se sont empressés d’accuser le gouvernement de violation de la liberté d’expression, et de répandre le bruit qu’il a été arrêté alors qu’en réalité, il n’avait été que convoqué pour audition, et est rentré chez lui dans l’après-midi.

Rappelons que dans toute démocratie digne de ce nom, aucune liberté n’est absolue car elle est encadrée par la législation. Par conséquent, encore une fois et contrairement à ce que certains véhiculent, il n’y a donc pas de raison que sous prétexte de refondation, on ne se mette à faire rimer la liberté d’expression avec l’anarchie d’une parole sans foi ni loi. Des siècles après le fameux « Je pense donc je suis » de Descartes, les actes de certains influenceurs voudraient consacrer un nouveau dicton : « Je parle, donc je suis ».

Rappelons également que dans un État de Droit, nul n’est au-dessus de la Loi et ceux qui la violent doivent faire face aux conséquences. Si un cas de diffamation publique est avéré et déclenche une plainte légitime des victimes, c’est faire preuve d’immaturité que de se réfugier derrière la liberté d’expression. Or, c’est justement à ce niveau que se pose le problème pour certains influenceurs, qui en voulant jouer au justicier, répètent quelquefois aveuglément ce qu’on leur raconte, ou tout simplement racontent ce qu’ils imaginent, sans discernement et sans vérification de la véracité des faits. Résultat : des affirmations gratuites dans le but de créer du buzz et de faire l’intéressant, au détriment de la Vérité et du respect d’autrui.

OPK digital

Dans son désir effréné de se donner quelque importance dans le paysage des influenceurs à Madagascar, Dylan Siva (256k followers) a suivi les pas de certains de ses « confrères » en s’abaissant à colporter les ragots et en flirtant avec les attaques gratuites sans preuves contre la société Yas, ce qui a déclenché la plainte à l’origine de sa convocation. Question : en quoi une victime de diffamation aurait-elle tort de porter l’affaire en Justice, si ce n’est dans l’esprit qui considèrent que leur notoriété virtuelle, voire leur participation à la chute de Rajoelina, vaut totem d’impunité ?

La montée en épingle de cette convocation de Dylan Siva suite à une plainte de la société Yas serait risible si elle ne reposait pas sur des soubassements très discutables. Certains influenceurs et beaucoup d’internautes influençables se sont précipités pour rajouter de l’eau au moulin de l’OPK digital depuis près de deux semaines sur les réseaux sociaux, et qui semble être orchestré pour effrayer la communauté karana, accusée de vampiriser l’économie malgache. Ces attaques sont manifestement orchestrées, reste à savoir par qui, et pourquoi.

Soulignons toutefois que nos propos ci-dessus n’ont pas pour objectif de défendre l’indéfendable. Si des opérateurs économiques, qu’ils soient karana, vazaha, sinoa ou malagasy, se sont rendus coupables de malversations, qu’ils répondent à la Justice sur la base de preuves matérielles mais non de simples tora-po vindicatifs et racistes. En outre, si des karana (ou sinoa, ou vazaha) ont usé de procédés illicites lors d’opérations douanières, de remblais de rizières, d’interaction avec le fisc ou tout autre act délictueux, ne devrait-on pas commencer par s’interroger sur les Malgaches qui s’en sont rendus complices en autorisant les passe-droits et les arrangements ?

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